L'auteur propose de réconcilier responsabilité et solidarité en exigeant les conditions d'une réelle responsabilité tant individuelle que collective, c’est-à-dire en revendiquant une réelle liberté pour tous. Lire la suite
« La solidarité et la responsabilité sont incompatibles », voilà la critique fondamentale formulée à l'égard du filet de protection sociale qui deviendrait un hamac dans lequel s'installeraient les assistés sociaux. On peut répondre que celles et ceux qui font appel à la solidarité sont, de manière générale, issus de milieux sociaux, économiques et culturels moins privilégiés. Sommes-nous certains qu'ils « méritent » leurs difficultés économiques et sanitaires et, qu'à l'autre bout de l’échelle sociale, la situation des mieux nantis est le fait de leurs seuls mérites ?
Une telle réponse, bien que pertinente, n’est pas suffisante car l’enjeu du maintien d’une société solidaire exige que l’on en établisse des fondements solides. L’auteur propose de réconcilier responsabilité et solidarité en exigeant les conditions d’une réelle responsabilité tant individuelle que collective, c’est-à-dire en revendiquant une réelle liberté pour tous. Il défend l’idée que notre attitude à l’égard des autres, le soin (care) que l’on peut leur apporter est de nature à le libérer des injonctions de performances. La pratique de ce care peut aider chacun à accepter la vulnérabilité qu’il partage finalement avec toute l’humanité. La maladie n’est pas seulement une absence de santé, elle peut devenir le lieu d’un désencombrement de l’existence, d’une certaine libération à l’égard des multiples contraintes de la vie, d’une vie plus humaine. Il dépend de nous tous de libérer l’autre dont nous sommes finalement responsables. »
Un livre qui intéressera toute personne concernée par les enjeux du système de santé et de protection sociale ainsi que les questions éthiques qui y sont liées.
Economiste, titulaire d’un DEA en Santé publique et docteur en sciences médicales, Christian Léonard est actuellement Directeur Général Adjoint du KCE (Federaal Kenniscentrum voor de Gezondheidszorg - Centre Fédéral d’Expertise des Soins de Santé). Il est également maître de conférences à l’université de Namur, intervenant dans le cadre du Certificat Interuniversitaire en Ethique des Soins de Santé (CUESS) (UCL – UN), professeur invité à l’UCL et professeur à l’Institut Cardijn (Louvain-la-Neuve).
« Cet ouvrage d’une très grande densité et mobilisant une analyse très détaillée, riche, innovante devrait être lu par tous ceux qui sont appelés à gérer des questions de santé, d’assurance maladie mais aussi par le citoyen souci du bien collectif qu’est la santé. Le double index des thématiques et des auteurs, et la liste des tableaux en fin d’ouvrage, facilitera un usage plus thématique de cette réflexion mais nous ne pouvons que conseiller la lecture d’ensemble tant tout se tient ! »
Marie-Jo Thiel, Université de Strasbourg, Lettre du CEERE (Centre européen d'enseignement et de recherche) – Janvier 2016
INTRODUCTION
CHAPITRE 1 - LA SOLIDARITÉ EN DANGER – LES PRIVATISATIONS IMPLICITES
1.1. CONTEXTUALISATION DES PRIVATISATIONS IMPLICITES ET TRANSFERTS DE RESPONSABILITÉ
1.1.1. Globalisation économique et financière
1.1.2. Prégnance de la pensée libérale et son extension capitaliste
1.1.3. Remise en question de l'État-providence
1.2. TAXONOMIE DES TRANSFERTS DE RESPONSABILITÉ
1.2.1. Les transferts directs entre l'État (providence) et les individus
1.2.2. Les transferts entre l'État (providence) et les institutions, organisations commerciales et non commerciales
1.2.3. Les transferts entre ces institutions et organisations et les individus
1.3. ÉVALUATION DES TRANSFERTS DE RESPONSABILITÉ
1.3.1. L’efficacité à réduire les dépenses
1.3.2. Les problèmes d’équité et le concept de mérite
1.3.3. « Responsabiliser » les seuls patients ?
1.4. PISTES PROGRAMMATIQUES
CHAPITRE 2 - RÉPONDRE AUX CRITIQUES NÉOLIBERALES : DE LA MÉRITOCRATIE AUX CAPABILITÉS
2.1. CRITIQUE D’UNE IDÉOLOGIE DOMINANTE : LE WELFARISME
2.2. AU-DELÀ DU WELFARISME : MÉRITER UN TRAITEMENT ÉGALITAIRE
2.2.1. Une diversité de variables focales
2.2.2. Responsabilité, liberté et mérite
2.3. FONDEMENTS D’UNE APPROCHE ALTERNATIVE : CAPABILITÉS, DIGNITÉ ET AUTONOMIE
2.3.1. L’approche des capabilités chez Sen
2.3.2. L’approche des capabilités chez Nussbaum
2.3.3. Critique du Luck Egalitarianism et l’égalité de dignité (E. Anderson)
2.3.4. L’apport de la critique illichienne
2.4. DISCUSSION CRITIQUE DES APPROCHES POST-WELFARISTES ET DE LEURS
ALTERNATIVES
2.4.1. La dynamique de la responsabilité
2.4.2. Les limites de la responsabilité
2.4.3. Les capabilités : une base pour la responsabilisation ?
2.5. CARACTÉRISATION D’UNE APPROCHE ALTERNATIVE
CHAPITRE 3 - SOUCI DE SOI, RÉIFICATION, RECONNAISSANCE ET RESPONSABILITÉ
3.1. LE THÈME DU SOUCI DE SOI DANS LA PHILOSOPHIE ANTIQUE
3.1.1. Dans le courant socratico-platonicien
3.1.2. Dans le courant épicurien
3.1.3. Dans le courant stoïcien
3.2. LE SOUCI DE SOI COMME SOURCE DE « CAPABILITÉS »
3.2.1. Se soucier de soi, devenir vigilant
3.2.2. Se soucier de soi, devenir un résistant
3.2.3. Se soucier de soi pour distinguer relations de pouvoir et domination
3.2.4. Se soucier de soi avec et pour les autres
3.2.5. La pratique du souci de soi, une pratique sanitaire et médicale
3.2.6. Inspiration chrétienne du souci de l’autre
3.2.7. Inspiration juive du souci de l’autre
3.3. SOUCI DE SOI ET RESPONSABILITÉ, DES HYPOTHÈSES CONFIRMÉES ?
3.4. RECONNAÎTRE L’AUTRE COMME UN AUTRE NOUS-MÊMES
3.4.1. L’homme réifiant chez Lukacs : une seconde nature neutre, distanciée et rationnelle, produit de l’expansion de la sphère marchande
3.4.2. La reconnaissance : mode de relation au monde précédant toutes les autres attitudes et fondé sur une préoccupation existentielle
3.4.3. L’oubli comme clé de la redéfinition de la réification par Axel Honneth
3.4.4. Les rapports marchands : unique source de la réification ?
3.4.5. Quelques éléments d’étiologie sociale de la réification
3.5. VERS UNE RESPONSABILISATION RÉELLE DE L’INDIVIDU
3.5.1. La pseudo-responsabilisation financière individuelle comme conséquence de l’expansion de la marchandisation
3.5.2. La réification honnethienne, source de pseudoresponsabilisation intersubjective suite au retournement du primat de la reconnaissance sur la connaissance
3.5.3. Quand la pseudo-responsabilisation alimente la réification
3.5.4. Pseudo-responsabilisation et constitution du sujet néolibéral
3.6. LE SURGISSEMENT DE LA RESPONSABILISATION CAPACITANTE COMME ALTERNATIVE À L’ALIÉNATION ET À LA RÉIFICATION
CHAPITRE 4 - LA LIBERTÉ ONTOLOGIQUE, VOIE VERS UNE RESPONSABILITÉ RÉELLE
4.1. ACCÉDER À LA LIBERTÉ ONTOLOGIQUE
4.2. LIBERTÉ ONTOLOGIQUE ET PRATIQUE DE SOI
4.3. LE CORPS MÉDICAL, SUJET DU CARE ET INITIATEUR D’EXERCICES DE LIBÉRATION ONTOLOGIQUE
4.4. L’AVÈNEMENT D’UNE RESPONSABILISATION CAPACITANTE
4.5. DE L’IMPOSSIBILITÉ D’ÊTRE LIBRE SEUL : L’APPORT DE SARTRE ET DE LEVINAS
4.6. LIBERTÉ DE BIEN-ÊTRE, LIBERTÉ D’AGENT ET RESPONSABILISATION
4.7. DE LA RESPONSABILITÉ INDIVIDUELLE À LA RESPONSABILITÉ COLLECTIVE : LES PRIORITÉS ET CHOIX EN SOINS DE SANTÉ
4.8. PISTES PROGRAMMATIQUES
4.9. ANNEXE RELATIVE À LA CONSULTATION DES INDIVIDUS
4.9.1. Méthodologie du questionnaire
4.9.2. Analyse descriptive
4.9.3. Relation entre les items
4.9.4. Influence des caractéristiques personnelles avant la conférence
4.9.5. Différence avant – après la conférence
4.9.6. Limitations
4.9.7. Résultats de deux autres consultations
CHAPITRE 5 - COMMENT SUSCITER LA RESPONSABILISATION CAPACITANTE
5.1. UNE DÉFINITION OPÉRATIONNELLE DU CARE
5.2. RELATIONS MONDE DES SOINS DE SANTÉ – PATIENT
5.2.1. Informer les patients
5.2.2. Impliquer les patients dans la recherche (stakeholders involvement)
5.2.3. Conseiller les patients
5.2.4. Intégrer le patient au processus décisionnel thérapeutique
5.3. ORGANISATION DU SYSTÈME DE SOINS
5.3.1. S’informer auprès des patients
5.3.2. Pour concevoir des solutions adaptées aux besoins des patients
5.4. FINANCEMENT DU SYSTÈME DE SOINS
5.4.1. Informer les citoyens
5.4.2. S’informer auprès des citoyens-patients
Libérer et responsabiliser pour refonder la solidarité
5.4.3. Concevoir un mode financement et de co-paiement qui correspondent à la conception de la solidarité
5.5. FAIRE DES CHOIX ET ÉTABLIR DES PRIORITÉS DE MANIÈRE EXPLICITE ET
DÉMOCRATIQUE
5.5.1. La participation des citoyens-patients : de l’information au partenariat
5.5.2. Le citoyen-patient : une articulation entre les statuts de citoyen et de patient
5.5.3. Risques et contraintes de l’implication du citoyen-patient
5.6. UNE EXPÉRIENCE UNIQUE EN EUROPE : INTÉGRER LES PRÉFÉRENCES SOCIÉTALES DANS LES DÉCISIONS DE REMBOURSEMENT
5.6.1. Trois domaines à explorer
5.6.2. Pondérer les critères de choix
5.6.3. Un « LaboCitoyen »
5.7. POINTS D’ATTENTION
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
LISTE DES TABLEAUX
INDEX DES NOMS PROPRES
INDEX DES NOMS COMMUNS
TABLE DES MATIÈRES
Lettre du CEERE (Centre européen d'enseignement et de recherche) – Janvier 2016
Comment réformer le système de santé qui, en nos pays, pose un très gros problème de financement, d'accès équitable, de responsabilité tant des patients que des professionnels de santé ? C'est depuis le lieu de son engagement professionnel que parle Christian Léonard, directeur général adjoint du KCE, le Centre fédéral d'expertise des soins de santé de Belgique, et maître de conférences à l'université de Namur, docteur en sciences médicales, titulaire d’un DEA de Santé publique, d’une maîtrise en science économique.